Archives mensuelles : février 2009

La nourriture I

Bon, on va le dire franchement, la spécialité du Burkina ce n’est pas la nourriture…

Le midi s’offre à moi 4 options :

1) Rentrer chez moi

Risque de mort pour non port de casque en moto 20%

Risque d’intoxication alimentaire 0%

Diversité du repas 8/10

Émission de CO2 : 60 g/ trajet si je roule à l’huile de Jatropha, 243 g/trajet si je roule au diesel

Coût du repas : 2000 FCFA

Possibilité de faire une sieste mais Productivité post sieste nulle

2) Manger au RU

Temps d’attente pour faire bouger la grosse qui nous sert : 15 min (mais 20 min gagnées parce qu’on passe devant les étudiants, être stagiaire c’est ça la classe!)

Risque d’étouffement avec une arrête de poissons : 30%

Diversité du repas 2/10 (riz sauce tomate, riz gras, riz sauce arachide, tô…)

Contribution au déficit du Burkina par la consommation de riz importé de Chine et à la dégradation de l’agriculture paysanne : 100% (0% si tô)

Bonus « ambiance avec l’équipe du Labo » mais Malus « j’en ai marre d’entendre le Camerounais dire qu’il est le meilleur et le Malien dire que c’est mieux chez lui alors que c’est pareil »

Estomac rempli à 150%

Coût du repas : 300 FCFA

3) Manger à la Kfet

Incertitude élevée sur les stocks : chance  de 1/3 d’avoir droit au sandwich avocat tomate et 1/3 de chance de ne rien avoir du tout

Bonus : sirop de Bissap

Diversité 4/10

Risque d’intoxication alimentaire + 20% si l’on prend le sandwich à la viande (indéterminée)

Développement de l’activité commerciale du campus et intégration à la vie étudiante (on leur passe pas devant comme au RU)

Temps d’attente quasi nul sauf si l’ingrédient n’est pas disponible

Coût du repas : 400 FCFA

4) Les hamburgers d’en face du campus

Mystique, on ne sait pas de quoi la viande est composée

Bonus crudité :  lorsqu’il y a des tomates et bonus US avec le ketchup

Chaleur : 45°C parce que pas à l’ombre

Possibilité de faire un tour dans la brousse avoisinante et même aller jusqu’au barrage (niveau d’eau presque nul)

Contribution au développement local de l’artisanat de hamburger : 60%

Risque d’avoir un peu mal au ventre après

Risque de vraie sieste post pendriale

Coût du repas : 500FCFA/hamburger

Conclusion :  on alterne et on fait un peu la sieste de 13 à 14h30 …


La fête du village

Marcel, le gardien de la maison nous propose d’aller à un enterrement dans un village. [Petite précision, ici c’est courant d’avoir un gardien, ça permet de faire vivre une famille et d’avoir une sécurité en plus.] Après moult questions sur comment est ce que ça va se passer, c’est où, pour combien de temps qui n’ont pas abouties à des réponses claires, nous voilà partis pour une heure de 4×4.

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En arrivant dans le village, il y a des baobabs et autres arbres inconnus et sous les baobabs des gens, des animaux et de la bière. Avant la cérémonie en elle même, il y a le déjeuner et l’apéro. J’ai donc pu déguster le dolo, la bière de sorgho qui est assez acide et sucré, c’était pas trop dégueu en plus j’ai même pas été malade.  Ce sont les femmes qui le servent dans une calebasse pendant que les hommes s’occupent de plumer le poulet et de mettre le porc au four (encore lui on ne s’en lasse pas), signe que c’est vraiment un jour de fête.

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Après, une petite heure d’attente, à serrer une petite vingtaine de mains pour dire bonjour aux amis de Marcel, le masque arrive. Bon, quand on dit masque, c’est un masque intégral. Bien sûr, les photos étaient interdites donc faudra imaginer que l’humain à l’interieur était tout entier dans un tube plumé et que en haut de sa tête il y avait une tête d’antilope ou buffle en bois. Il était classe. Bon la photo vient d’internet et ça ressemblait pas du tout à ça mais c’est pour l’esprit.

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Personne ne sait qui c’est et personne ne sait ce qu’il représente (parce que dans chaque village c’est différent et secret et mes accompagnateurs n’était pas du village, du coup à part que c’est un masque, on sait pas grand chose.

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Bon, du coup, on sait pas trop la signification cachée du masque et de la cérémonie mais ça devait être quelque chose d’important..

Le pélerinage à Yagma ou l’histoire d’une arnaque

Mes voisins, Jack, Odile et Rasmata (entre 14 et 17 ans) me tannent depuis 2 semaines sur la grande fête qui va se passer dimanche à Yagma. Après quelques questions et comme le burkinabè n’est pas bavard de nature et peu précis sur les réponses en général, j’arrive à savoir que

1) il y aura du monde

2) il y a une messe

3) il faut y aller tôt

4) il y aura des serpents

5) et de l’artisanat local

On leur promet donc que l’on ira en voiture avec eux dimanche, ça ne peut pas être si terrible.

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Rendez vous à 8 heures du mat devant chez moi, mes 3 voisins y sont depuis 7h30 (mais pourquoi sont ils si pressés ?) et super bien habillés (Odile a un pagne « 25ème anniversaire de la fondation Jean Paul II », c’est louche ). On note beaucoup de monde sur la route, des militaires sont mobilisés, il y a des panneaux (rarissime à Ouaga, c’est encore plus louche). Puis on est bloqués sans avancer, les motos nous doublent (pourquoi ne l’ai-je pas prise ?…) et puis petite séance d’anarchie en 10 secondes on passe d’une circulation à une file à une circulation à 5 files dont trois sur le bord de la route et plus de circulation inverse…

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Enfin arrivés, on trouve une place pour déposer notre natte. Heureusement, on n’a raté qu’un petit bout de la messe (ouf !). Là, on a payé pour la colonisation et la conversion au catholicisme, 4 heures de messe en plein soleil ce fût dur.

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En fait, c’était le pèlerinage annuel du Burkina et en même temps l’anniversaire de la fondation Jean Paul II, ce qui a réuni environ 40000 personnes ! C’était donc un événement super important, avec tous les cardinaux, évêques et autres d’Afrique de l’Ouest. Les photos sont de Jack qui a été mon reporter pendant la journée. L’église n’est toujours pas finie, cela fait 25 ans qu’elle est en construction.

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Pour les serpents et l’artisanat local, on attend pour les voir, mais c’était une vraie fête pour eux, il y avait du porc au four (plat de fête, et on met tout le cochon), beaucoup de burkinabè s’étaient déplacés pour le pèlerinage mais aussi pour gagner des sous en vendant tout et n’importe quoi (dont la casquette customisée Yagma en carton).

Point de vue religieux, les messes sont apparemment les mêmes qu’en France, je ne suis pas allé vérifier de quoi était faite l’hostie.

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En tout cas, nos voisins sont rentrés contents de Yagma, après la cérémonie animiste, je suis au top point de vue religion. (J’habite près d’une mosquée, j’ai droit à l’appel du muezzin tous les jours à 5 heures, ça me change de mon chat de Vancouver)…

Seun Kuti

Maintenant que le Burkina Faso est mondialement connu pour son sida et palu (merci Carla, tu as changé nos vies), je vais vous en dire plus sur Ouaga.

Ouaga est réputée pour être une des villes qui bouge le plus point de vue culture en Afrique de l’Ouest. Dans un mois, aura lieu le FESPACO, le gros festival de ciné africain, tous les deux ans, il y a le salon mondial de l’artisanat africain etc… Le Burkina est un des pays où la culture africaine arrive à rayonner.

Il y a souvent des concerts le soir dans les maquis, et dans des petites salles ou bars on peut trouver des artistes connus ou montant.

Hier, on est allé au concert de Seun Kuti, qui était apparement LA star d’Afrique (reste que personne ne la connaissait mais bon). Le lien myspace

Dans la salle de  concert à 37°C minimum, on découvre un espèce de pantin dégingandé dynamique qui danse d’une manière … originale

Sa musique est un mélange de jazz, rhytme africain et ska, ça bouge!

Sinon, comme toujours, dans la salle il y avait la moitié de blancs, preuve que l’accès à la culture est quand même assez secondaire dans la vie des burkinabè…

Les premiers jours

Après une escale à Niamey, petite voix de l’hôtesse : « Bienvenue à Niamey, la température extérieure est de 40°C », j’arrive à Ouagadougou où la température n’est que de 37°C (ouf!). Je me suis donc pris un delta 37°C dans la journée.

L’aéroport est situé à l’intérieur de la ville, on ne perd donc pas de temps pour regagner le centre ville. C’est l’époque de l’harmattan (le vent peu frais de février) et c’est l’heure où les gens rentrent chez eux, j’ai donc droit à la circulation semi-anarchique et à la poussière qui s’empresse de se déposer sur ma peau transpirante de fraîche arrivante. En fait, Ouaga, c’est le pays du 2roues, motorisé ou pas. Il y a très peu de voiture et il semble y avoir quelques règles, à la différence du no-rules de Delhi (bonus Rickshaw à prendre en compte). Enfin, plus de précision plus tard, lorsque que j’aurais enfin acquis ma mobylette.

J’ai le droit de manger dans un maquis (rien à voir avec les résistants), qui est une sorte de resto-bar-gargotte où l’on trouve ce qu’il y a : c’est-à-dire, il faut demander ce qu’il y a comme nourriture disponible et déjà préparé sinon on risque d’attendre un peu (le temps qu’ils aillent se réapprovisionner à côté).

Sinon, l’électricité est coupée tous les jours de manière assez aléatoires parce qu’il fait déjà trop chaud et qu’ils sont en train de faire des opérations de maintenance. Ce qui me vaut des petits diners et douches à la chandelle (quand le débit d’eau est revenu) et un retour à un rythme solaire.

Pour ce qui est du stage, voir page stage.

Pour résumer rapidement ma vie, je dors chez François-Xavier, un thésard de mon labo. Je travaille à 15 km de Ouaga au 2ie (Institut International de l’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement). Comme vous l’avez surement remarqué en fait c’est 3i2e mais 2ie ça fait mieux. J’essaierai de mettre à jour régulièrement le blog, j’ai le haut débit au labo .

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A Paris, il neige.

A Ouaga, il fait 29°C.

Je me prépare à l’aventure et aux surprises, j’ai ma moustiquaire, mon casque pour ma mobylette et mes micropures!

Je ne sais pas si j’aurai beaucoup accès à Internet, mais j’essaierai de tenir le blog le plus possible à jour!