Archives mensuelles : avril 2009

Cette année, je sauve le monde

Qu’est ce que je fais dans ma vie de tous les jours (à part boire des bières et jouer au foot)?

Je travaille au 2iE, l’institut international de l’eau et de l’environnement, école d’ingénieur d’Afrique de l’Ouest (trop classe, c’est une enclave diplomatique et on a une adresse mail en .org!). Je ne mettrais pas d’autre mot clef, sinon Google va repérer…

bebe-phoque

Bref, comme vous le savez le monde traverse une crise sociale, identitaire et surtout environnementale. [peut être financière mais je suis pas sûre encore]. Si l’on écoute les écolos extrémistes qui se reconnaîtront, on tue tout le monde et on sauve les bébés phoques. Ou alors, on essaye de trouver la solution où la somme des bénéfices individuels et collectifs est la plus élevée. Sinon, on trouve le juste milieu.

800px-flag-map_of_burkina_fasosvgJe sors les premières phrases (choc) de mon rapport : « Le Burkina Faso est un des pays les plus pauvres du monde et plus de 23% de  ses importations d’hydrocarbure sont destinées à la production d’électricité. 80% de la population est rurale et seulement 5% de la population (rurale et urbaine) a accès à l’energie électrique. Comment concilier le développement rural, environnement et  limitation de la balance commerciale dans un contexte d’augmentation du prix du pétrole et des produits alimentaire? »

Les biocarburants ne sont pas LA solution bien sûr, mais peut permettre à certains villages de d’être quasiment autosuffisant en énergie. En gros, on a une plante miracle (le Jatropha, wiki et le site propagande), des moteurs qui produisent de la force motrice et électrique et qui fonctionnent au Diesel. On presse les graines de Jatro, on met l’huile dans le moteur et bam ça fait de l’électricité. (pour les geek le site du PNUD-PTF, FX c’est pour toi)

img_0790

Je sauve le monde en dimensionnant plus ou moins les projets de ce type. Ca fait : « Un village de x hab à un besoin B en énergie par an. Le moteur M a un rendement R en énergie mécanique, la presse a un rendement R d’extraction et consomme y kWh, le moteur consomme L litres/heures à une charge de 80% ect… » pour à la fin arriver à BESOIN du VILLAGE => HA JATROPHA (ou autre plante) en terme énergétique.

Et donc il y a plein de problème. Forcement.

1) Le rendement / ha du Jatropha est trop pourri, alors que tout le monde pensait il y a 5 ans que c’était la plante qui poussait en milieu sec et qui donnait plein de graine. Du coup, pas mal d’investisseurs étrangers ont investi sur le Jatropha et ont planté, donc il faut valoriser quand même ce truc.

2) Récolter, sécher, presser, décanter ça prend énormément de temps. (oui mais combien?)

3) Integrer l’huile dans les moteurs c’est pas si simple, ça marche bien que si l’huile est assez chaude sinon on abime le moteur.

4) C’est quoi le besoin / hab en énergie dans un village de la brousse qui a toujours vécu sans électricité?

5) le manque cruel de données

6) ect…

Mais normalement, à la fin on devrait arriver à trouver.

Et sauver le monde.

image2

Star Wars, épisode 7

Une idée pour les futurs réalisateur de la saga Star Wars (qui vont sûrement regarder ce site, on n’en doute pas). Le village troglodyte de Niangsogoni (paye ton nom).

img_14531

Donc là c’est encore 35 km de pistes à partir de Sindou (donc une heure environ, en essayant d’éviter les poules qui se jettent sous les roues).

img_1426

Le village se situe sur la falaise mais n’est plus habité depuis une dizaine d’années.  C’est du à la mondialisation (bouh) et aux pressions humaines (trop d’humains sur Terre) et à la paix (la falaise, c’est bien pour se protéger). Bon disons que pour avoir un peu plus à manger, il fallait descendre.

img_1467

Le village n’est pas exactement troglodytique comme le veut la définition mais est en fait une concentration de grenier et d’habitations…

img_1445

C’est assez étrange, voilà des greniers à grains.

img_1447

La hutte du chef décorée.

img_1450

Les maisons sont faites en banco (argile) et tiennent encore super bien même si une petite protection style « patrimoine mondiale de l’humanité » ou « monument historique » ou encore « attention site d’exception, ne cassez pas tout pour faire un complexe de parapente… » serait la bienvenue…

Puis il y a des termites aussi.

img_1452

Bref, je trouve que ça fait un bon décor pour star wars.

Les pics de Sindou

Dans le sud du Burkina, déjà il fait moins chaud (ouais!), il y a de l’eau (un peu plus) et surtout ce n’est pas plat (enfin c’est valloné).  Du coup, les quelques touristes  en manque de verdure vont dans le coin.

img_1482

De Banfora, la plus grosse ville du coin, il faut faire 50km en moto (notez la classe sur la Yamaha), sur des pistes cabossées pour arriver à Sindou, petit village de 2000 habitants (sans compter les enfants de moins de 15 ans, soit environ 4000 habitants).

img_1384

Quelques photos prises  sur la route :

img_1402

img_1379

img_1427

Sindou, gagne pas mal de sous grâce à ce tourisme, mais leur ligne de courant installée depuis 2007 est en panne depuis 2008 car un truc marche pas (et n’est pas réparé) .

img_1487

L’origine des pics est assez mysterieuse, si vous voulez vraiment savoir, je me renseigne quand j’ai le temps et que je m’ennuie sur Internet.

img_1496

img_1509

img_1551

Petite ballade de 3 heures autour des pics, c’est dur, c’est chaud, mais c’est vraiment beau. D’ailleurs pour tous ceux qui croyaient aux pubs Rexona avec la nana qui court dans le désert et qui à un v dans le dos, bah ça marche pas.

img_1520

Les métiers alternatifs

A Ouaga, si tu n’es pas ministre ou blanc tu es pauvre à priori. Par contre tu dois aussi gagner de l’argent pour manger. Forcement, un nombre impressionant de métiers alternatifs existent. Certains sont plus ou moins lucratifs et d’autres plus ou moins fatiguants…

Le vendeur de carte téléphonique :

Au BF, le forfait téléphonique n’existe pas (ou peu), on recharge les portables à la manière des mobicartes. Comme téléphoner coûte cher, et que beaucoup de burkinabé ont un portable, il y a un marché potentiel pour le vendeurs de cartes. Il se balade dans la rue, toute la journée avec un baton ou il scotche les cartes. On trouve environ 2 vendeurs de cartes par carrefour. Autrement dit le marché est saturé et ces pauvres vendeurs ne gagnent rien…

Les autres vendeurs

On peut trouver aussi  des vendeurs ambulants de lotus (mouchoir en papier), oeufs dur, vêtements, cigarettes. Ce petit business est très peu rentable, mais il faut manger et investir en même temps dans la marchandise mais au moins quand on a envie d’un oeuf, on le trouve…

Le vendeur d’eau :

Paradoxalement, c’est dans un des pays où il y a le moins d’eau que l’on a le plus soif.  Le commerce de l’eau est donc florissant.  On peut donc acheter de l’eau en sachet (pas en bouteille, c’est rare) comme un sachet de pâtes. Surtout, ce qui est trop bien, c’est que le sachet (en plastique) se retrouve forcement par terre une fois vidé, comme ça on peut avoir des champs plastifiés qui deviennent (presque) artistiques

img_18091

Le vendeur bonus

C’est la version améliorée du vendeur de cartes téléphoniques, à la différence près qu’il est moins mobile. Il se balade avec un petit « chariot-armoire » où l’on peut trouver la compil de tout les autres petits vendeurs: mouchoir en papier, bonbon, cigarettes, cartes téléphoniques…

Le parqueur

Comme une moto se vole en moins de 5 min (j’ai déjà perdu ma clef de moto et on peut la faire démarrer en 5 min avec l’aide d’un mécano) et que les antivols c’est lourd et cher, il y a des gardiens de moto devant les maquis ou magasins. Ils rangent la moto, la surveillent, la nettoient et quand ils sont gentils ils vont même jusqu’a mettre un carton sur la selle pour que ça ne soit pas trop brulant. C’est pas mal comme petit boulot mais dur à trouver.

Le rechargeur de téléphone portable :

10% de la population a un téléphone portable, mais seulement 6% ont l’éléctricité (même à Ouaga, il y a des secteurs sans électricité). D’où le problème de rechargement de la batterie. Le chargeur de batterie, à généralement accès à une prise (avec des multiprise autour), qu’il aménage en petites cahutes. Le propriétaire du portable amène l’objet, reçoit un ticket et revient 3 heures plus tard. Ca coute 100 FCFA, l’équivalent d’un repas le moins cher…

Le rasta vendeurs d’objets d’art et autres merdes

Lui, il reste dans le centre où les rares touristes se baladent et il essaye de vendre sa camelote. Mais il connait aussi parfaitement les heures de départ et d’arrivée des vols internationaux. Le bar de l’aéroport c’est aussi sont domaine. Comme il est un peu artiste et forcement cool (c’est un rasta) parfois il peut même gagner une bière si le touriste du bar de l’aéroport doit liquider ces francs CFA. Ca marche pas trop mais mieux que vendeurs de cartes téléphoniques…

Le mécanicien

Tout le monde se déplace en vélo ou moto. Le goudron, s’il est présent est souvent aléatoirement entretenu et le risque de crevaison n’est pas nul. Le risque de panne est aussi très élevé parce que les motos sont soit des P50 (mobylettes de peugeot) ou des scooters fabriqués en chine (donc de la grosse merde).  Donc, à tout les coins de rues, il y a un ou deux mécano avec trois ou quatre outils qui attendent la panne. C’est super utile. D’ailleurs, je m’améliore en mécanique vu que j’ai une grosse daube chinoise comme moto. J’y vais environ toutes les semaines, et mon mécano de quartier va commencer à me faire des prix…

Le vendeur d’essence, souvent couplé avec le mécanicien, vent l’essence par bouteille de 1L. C’est souvent de l’essence de mauvaise qualité, un peu coupé au beurre de karité selon les rumeurs, mais c’est encore une fois très pratique parce que les motos n’ont souvent pas de jauge à essence.

Puis, on trouve aussi plein d’autres boulot alternatifs, tout se vend et tout s’achète souvent à des prix dérisoires mais ça permet de faire manger quelques familles…

Vous remarquerez que les femmes font peu de boulots alternatifs, elles sont souvent au marché à vendre les productions ou à s’occuper des enfants (le bon concept l’homme par à la chasse et la femme au fourneau).